Princesse Mononoke
film d'animation, chef-d'oeuvre de Hayao Miyazaki (1997) C'est dans un contexte positif pour l'animation Japonaise qu'apparaît en 2000 en Occident le chef-d'ouvre de Hayao Miyazaki, le film d'animation qui trois ans plus tôt explosa tous les records au Japon : Princesse Mononoke . Encore inconnu en France ou presque, Miyazaki deviendra petit à petit une valeur sûre, ce qui se traduira par les distributions à l'échelle nationale de ses anciens films (distribution en 2003 de Laputa, Le Château dans le Ciel qui date de 1987).
Ashitaka est le prince d'un petit royaume attaqué par une divinité calamiteuse qui se révèle être le puissant Roi Sanglier de la forêt, un souverain contaminé par le Mal. Au cours de cette attaque, Ashitaka non seulement attire sur lui le courroux des dieux en tuant le Roi Sanglier (ce qui lui vaut le bannissement de son village), mais se retrouve lui aussi marqué par le Mal, ayant touché la chair dégoulinante et mortelle de son ennemi. C'est alors qu'il part en direction du Japon médiéval (certains de ses aspects demeurant néanmoins imaginaires) afin de trouver les réponses à son mal. Au cours de sa quête, il se retrouve confronté à une guerre hommes/animaux avec d'un côté Dame Eboshi, une exploitante de minerai de fer qui détruit la forêt pour son commerce, et de l'autre San, une déesse louve.
Princesse Mononoke , au premier regard, n'est rien de plus qu'un « vulgaire » film écologique. Mais il s'agit en fait de bien plus que ça heureusement, Hayao Miyazaki oblige. Mononoke est ainsi un ensemble de thèmes complexes et latents qui offre deux lectures aux spectateurs et qui ne se contente pas d'être uniquement réservé aux enfants.
Tout d'abord, le thème de la survie de la forêt, bien qu'écologique (c'est tellement évident chez Miyazaki que le préciser est inutile), sert surtout de prétexte à un propos sur la nature humaine. Dans Mononoke , louables et totalement respectables, les animaux sont tout à fait semblables aux hommes : ils communiquent, se réunissent, font des plans de guerre, peuvent devenir fous, possèdent une divinité suprême, et surtout, ils aiment. Mais ce qui est effroyable, c'est lorsque l'on voit ce que peuvent devenir des animaux sauvages « humanisés » : de véritables machines à tuer et à détruire, ce qui fait presque pressentir que pour Miyazaki, l'Homme est la pire des calamités sur cette Terre.
Fort heureusement, le Bien et le Mal ne sont pas distinctement séparés dans le film. Cela aurait été trop facile. Dame Eboshi, qui abât la forêt et tue les animaux, demeure néanmoins une figure bienfaitrice dans ce monde, faisant figure d'autorité bienveillante auprès d'une population composée d'ouvriers, d'anciennes prostituées sauvées de leur triste sort, et de dizaines de lépreux dont elle s'occupe quotidiennement.
Enfin, l'amour est l'un des thèmes les plus développés : l'amour qui donne aux héros une force à la fois surprenante et quasi-dévastatrice ; l'amour qui fait des humains des animaux et des animaux des humains ; l'amour enfin qui fait que l'on ne peut plus rester insensible face à l'omnipotence de notre monde-poubelle. Tel est le message de Miyazaki, romancé et complexe, mais en soi formidablement respectable.